19 juin 2024

Créer son Entreprise de Consultant ou de Conseil

Par Rudy Viard

Si vous détenez une expertise dans un certain domaine et avez l’ambition de mettre vos compétences au service de vos clients tout en aspirant à devenir votre propre patron, lancer une entreprise de consultant ou de conseil pourrait être le chemin idéal vers cette réalisation.

Mais par où commencer cette entreprise entrepreneuriale ?
Quelles démarches suivre, quels obstacles éviter ?

Cet article est là pour vous guider.

Nous vous fournirons des conseils précieux et toutes les informations essentielles à la création de votre entreprise de consultant ou de conseil.

Vous découvrirez comment préparer efficacement votre projet avant de vous lancer, établir un plan d’affaires robuste, sélectionner le cadre juridique, fiscal et social approprié, accomplir les formalités administratives nécessaires à la création et forger votre présence ainsi que votre marque personnelle.

Pour finir, nous évoquerons les avantages et inconvénients associés au statut d’entrepreneur dans ce secteur.

créer entreprise de conseil et consultant

Préparer le terrain avant de se lancer

Avant de vous lancer dans la création d’une entreprise de consulting ou de conseil, une préparation minutieuse s’impose.

Cette phase préalable est cruciale pour définir votre offre, cibler adéquatement votre clientèle, vous distinguer de vos concurrents et confirmer la viabilité de votre projet.

Voici les trois étapes essentielles pour bien préparer le terrain avant de démarrer.

Identifier sa spécialité et son marché cible

Identifier avec précision votre domaine d’expertise et le marché cible est la première étape. Il est important de déterminer le secteur dans lequel vous souhaitez opérer, le type de problèmes que vous êtes en mesure de résoudre, votre niveau de compétence et vos références.

Identifiez clairement vos clients potentiels : leurs besoins, attentes, budget, localisation, taille…

Choisir un marché avec une demande suffisante tout en veillant à ce que la concurrence ne soit pas trop intense est vital.

Connaître les besoins et attentes de ses futurs clients

La deuxième étape requiert une compréhension profonde des besoins et attentes de vos futurs clients.

  • Quelles sont leurs principales recherches ?
  • Leurs préférences ?
  • Leurs craintes ?
  • Leur disposition à payer ?

Une étude de marché peut vous aider à obtenir ces informations, en compilant des données secondaires (statistiques, rapports, articles) ou primaires (questionnaires, entretiens, observations).

Le recours à votre réseau professionnel, d’anciens clients ou de partenaires est également une stratégie judicieuse pour saisir les motivations, les freins, les critères de choix et les facteurs de satisfaction de vos futurs clients.

Évaluer la concurrence et identifier un avantage compétitif

La troisième étape est d’analyser la concurrence et d’identifier un avantage compétitif. Il est essentiel de connaître vos concurrents, leurs atouts, faiblesses, tarifs, méthodes…

Déterminez en quoi vous vous démarquez :

  1. Quelle est votre valeur ajoutée ?
  2. Votre expertise ?
  3. Votre expérience ?
  4. Votre approche unique ?

Vous devez être en mesure de répondre à la question centrale : pourquoi un client préférerait-il vos services à ceux d’un autre consultant ?

Identifiez votre positionnement unique, votre niche et votre proposition de valeur distinctive.

Élaborer un plan d’affaires solide

Pour lancer solidement votre entreprise de consulting ou de conseil, l’élaboration d’un plan d’affaires robuste est cruciale.

Ce document détaillé explique votre vision, vos objectifs, votre stratégie, votre public cible, votre offre de service, vos finances et votre roadmap.

Un plan bien structuré facilite la présentation de votre projet à de futurs partenaires, la levée de fonds, et le suivi de vos progrès.

Découvrons les trois pierres angulaires d’un plan d’affaires réussi.

Définir sa proposition de valeur

La proposition de valeur représente le noyau de votre plan d’affaires, soulignant ce que vous apportez de particulier à vos clients, comment vous répondez à leurs besoins ou résolvez leurs problèmes et pourquoi ils devraient préférer votre offre à celle de la concurrence.

Une proposition de valeur efficace se doit d’être précise, concise, distincte, et crédible. Pour la structurer, le modèle de la proposition de valeur s’avère très utile.

Il vous guide à déterminer :

  • Qui sont vos clients cibles, quels produits ou services vous leur proposez :
  • Les avantages qu’ils en retirent
  • Vos canaux de distribution
  • La nature de votre relation client
  • Les ressources et activités clés que vous engagez
  • Vos partenariats
  • Vos sources de revenus
  • La structure de vos coûts.

creer offre proposition de valeur

Construire un prévisionnel financier

Une partie essentielle de votre plan est le prévisionnel financier. Il vous permet de projeter vos performances financières sur trois à cinq ans, en s’appuyant sur vos hypothèses de marché, votre approche commerciale et votre modèle économique.

Ce prévisionnel englobe habituellement un compte de résultat, un bilan, un tableau de financement, et une projection de la trésorerie.

Ce document est indispensable pour évaluer la rentabilité, la solvabilité, et la viabilité à long terme de votre entreprise, ainsi que pour identifier vos besoins de financement. Il existe de nombreux outils et modèles pour vous aider dans cet exercice.

Déterminer sa stratégie de tarification

La stratégie de tarification joue un rôle capital dans votre plan d’affaires.

Elle concerne la définition du prix de vos services conseil, en fonction de la valeur que vous apportez, des conditions de marché, de vos coûts et de vos objectifs financiers.

Les méthodes de tarification varient : coût plus marge, valeur perçue, prix basé sur la concurrence, stratégies de pénétration ou d’écrémage, entre autres.

Le choix de la méthode doit être en accord avec votre positionnement, votre branding, la segmentation de votre clientèle, et votre politique de fidélisation.

Il est également prépondérant de définir clairement les modalités de paiement, les conditions de vente, et d’éventuelles promotions ou rabais.

Choisir le bon cadre juridique, fiscal et social

Lorsque vous avez terminé la rédaction de votre plan d’affaires, la prochaine étape cruciale est de sélectionner le cadre juridique, fiscal et social qui convient le mieux à votre projet de conseil ou de consulting.

Ce choix influencera divers aspects de votre activité, notamment votre responsabilité, votre couverture sociale, vos impôts et votre situation matrimoniale.

Il est donc essentiel de vous informer correctement et d’envisager toutes les options à votre disposition.

Découvrons ensemble les éléments clés pour sélectionner le cadre approprié à votre activité.

Les différents statuts juridiques disponibles

En tant que consultant, vous avez le choix entre différents statuts juridiques.

Chacun de ces statuts a ses avantages et inconvénients.

  • L’Entreprise Individuelle (EI) : Ce statut se caractérise par sa simplicité de création et de gestion, sans capital social initial ni formalités complexes. Vous gérez votre entreprise en toute autonomie. Opter pour le régime de la micro-entreprise facilite encore plus la gestion grâce à un régime fiscal et social allégé et des exonérations partielles. Toutefois, votre patrimoine personnel étant engagé pour les dettes de l’entreprise, cela représente un risque. De plus, vous ne pouvez ni inclure des associés ni attirer des investisseurs. Votre niveau de revenu peut aussi entraîner une imposition plus élevée comparée aux sociétés.
  • L’Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL) : Ce statut vous permet de limiter votre responsabilité au montant de votre apport, protégeant ainsi votre patrimoine personnel. Vous avez le choix entre l’impôt sur le revenu (IR) ou sur les sociétés (IS) pour votre imposition, avec la possibilité d’associer ou de céder vos parts. Néanmoins, l’EURL exige plus de formalités et engendre des coûts plus élevés que l’EI. Vous êtes soumis au régime social des travailleurs non salariés (TNS), moins avantageux que celui des salariés.
  • La Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) : Ce statut offre une grande flexibilité et liberté dans l’organisation de votre société, tout en limitant votre responsabilité au montant de votre apport. Vous avez la possibilité de choisir entre l’IR et l’IS et de modifier facilement ce régime fiscal. La SASU permet aussi l’association ou la cession d’actions et l’entrée d’investisseurs. Vous bénéficiez du régime social des assimilés-salariés, plus favorable que celui des TNS. Cependant, les charges sociales sont plus importantes que pour les TNS, et le niveau de formalités et de frais à prévoir est aussi plus élevé que pour l’EI.

Vous avez bien entendu aussi la possibilité de créer une SARL (Société à Responsabilité Limitée) ou SAS (Société par Actions Simplifiée) classiques.

Comprendre les implications fiscales et sociales

Le statut juridique choisi détermine vos obligations fiscales et sociales. Voici un résumé des implications pour chaque statut :

  • L’EI : Imposition à l’IR sur le bénéfice net, possibilité d’opter pour le régime micro-fiscal avec abattement forfaitaire. Affiliation au régime social des TNS, cotisations basées sur le bénéfice. Possibilité de bénéficier de l’ACRE pour une réduction des cotisations la première année.
  • L’EURL : Choix entre l’IR et l’IS pour l’imposition. Affiliation au régime TNS avec des cotisations basées sur la rémunération. Possibilité de bénéficier de l’ACRE sous conditions.
  • La SASU : Choix entre l’IR et l’IS, cotisations sociales calculées sur la rémunération avec affiliation au régime des assimilés-salariés offrant une meilleure protection sociale. La SASU impose des cotisations sociales plus élevées que pour les TNS.

Le choix du régime de sécurité sociale

Le statut juridique impacte également le choix du régime de sécurité sociale :

  • Le régime des TNS : Pour les entrepreneurs individuels et les gérants majoritaires d’EURL, proposant une couverture sociale moins étendue, avec des cotisations calculées sur le bénéfice. Affiliation à la Sécurité sociale pour les indépendants depuis 2020.
  • Le régime des assimilés-salariés : Pour les dirigeants de SASU, bénéficiant d’une couverture sociale plus complète, avec des cotisations basées sur la rémunération. Affiliation au régime général de la sécurité sociale.

La sélection du cadre juridique, fiscal et social adapté nécessite une évaluation approfondie de vos besoins, de votre situation financière et de vos attentes en matière de protection sociale. Prenez le temps de simuler différents scénarios pour trouver l’option la plus bénéfique pour vous.

Les démarches administratives pour la création d’entreprise

Pour lancer votre propre entreprise de conseil, accomplir différentes étapes administratives est essentiel. Ces étapes diffèrent selon le statut juridique choisi et sont cruciales pour conférer une existence légale à votre entreprise tout en respectant vos obligations fiscales et sociales.

Découvrez ci-dessous les étapes clés à suivre pour démarrer votre entreprise de conseil.

Inscription et immatriculation de l’entreprise

L’inscription et l’immatriculation auprès des organismes adéquats marquent les premières étapes de création de votre entreprise de conseil.

Cette phase implique la déclaration de votre activité et l’obtention d’un numéro d’identification unique. La procédure varie en fonction du statut juridique retenu :

  • Pour une Entreprise Individuelle (EI) ou une Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL), l’inscription se fait au Centre de Formalités des Entreprises (CFE) de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) ou de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA), selon la nature de l’activité. Vous aurez à remplir le formulaire P0 CMB pour les micro-entrepreneurs ou le formulaire P0 PL, accompagné des documents requis (pièce d’identité, justificatif de domicile, etc.). Vous recevrez ensuite un extrait K ou Kbis, prouvant votre immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) ou au Répertoire des Métiers (RM).
  • Si votre choix se porte sur une Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU), l’inscription se fait auprès du CFE de la CCI. Il faudra remplir le formulaire M0 et fournir les pièces justificatives nécessaires (statuts de la société, attestation de dépôt du capital social, pièce d’identité, etc.), pour obtenir un extrait Kbis, certifiant de votre immatriculation au RCS.

L’immatriculation vous alloue un numéro d’entreprise et un numéro de TVA intracommunautaire.

Déclarations fiscales et sociales à anticiper

Les déclarations fiscales et sociales sont indispensables pour déclarer vos revenus, régler vos impôts et cotisations sociales, et bénéficier d’une protection sociale. Le statut juridique influant sur les obligations, voici comment procéder :

  • Pour une EI ou une EURL à l’Impôt sur le Revenu (IR), déclarez votre bénéfice via le formulaire 2042 C PRO dans votre déclaration de revenus. Les acomptes d’impôt sur le revenu, basés sur le bénéfice estimé, sont à régler trimestriellement ou mensuellement. Les cotisations sociales s’effectuent auprès de la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI) via le portail net-entreprises.fr. L’option pour le prélèvement libératoire de l’impôt ou des cotisations sociales est disponible sous conditions.
  • Pour une EURL à l’Impôt sur les Sociétés (IS) ou une SASU, vous devez compléter le formulaire 2065 et ses annexes pour l’impôt sur les sociétés, avec des paiements d’acomptes trimestriels selon votre bénéfice. Les cotisations sociales sont à régler auprès de l’Urssaf via net-entreprises.fr. Les dividendes sont à déclarer via le formulaire 2042 C, incluant les prélèvements sociaux.

Il est important de respecter les échéances pour éviter les pénalités. Le calendrier des échéances fiscales et sociales est consultable sur le site impots.gouv.fr.

Licences, certifications ou accréditations spécifiques

Certaines professions de conseil peuvent requérir des licences, certifications ou accréditations prouvant votre qualification ou conformité à des normes. Ces exigences, obligatoires ou facultatives, dépendent du domaine d’intervention, du type de clientèle ou du pays d’exercice.

  • La licence professionnelle de conseil en gestion de patrimoine, exigée pour les conseillers en gestion de patrimoine, délivrée par l’ACPR suite à une formation agréée et la réussite d’un examen.
  • La certification ISO 9001 pour les consultants en management de la qualité, proposée par des organismes certifiés après mise en conformité aux exigences de la norme ISO 9001.
  • L’accréditation Cofrac pour les consultants en évaluation de la conformité, obtenue après démonstration de compétence technique et impartialité dans des audits et contrôles.

Pour obtenir ces reconnaissances, renseignez-vous sur les conditions, démarches, coûts et obligations de renouvellement auprès des organismes compétents ou des associations professionnelles.

Construire sa présence et son image de marque

Pour transformer votre entreprise de consultant en une marque reconnue, il est crucial de déployer plus qu’une simple offre de services.

Vous devez inscrire avec soin votre présence et forger une image de marque qui résonne auprès de votre audience cible.

Cela implique l’adoption d’une stratégie de marketing et de communication sur-mesure, l’établissement d’une présence en ligne remarquable par le biais d’un site web et des réseaux sociaux, et enfin, la création d’un réseau solide de clients et de partenaires.

Voici un plan d’action pour réussir cette démarche.

Développer une stratégie de marketing de communication

Une stratégie de marketing de communication efficace capable de toucher votre cible et d’attirer des clients est essentielle pour définir vos objectifs, viser justement votre audience, affiner vos messages, sélectionner vos canaux et programmer vos moyens de promotion.

Cette stratégie doit non seulement aligner votre marque mais aussi rester flexible vis-à-vis de votre budget et de votre environnement de marché.

Pour élaborer cette stratégie, suivez ces conseils :

  • Conduisez une analyse SWOT pour évaluer vos atouts, faiblesses, opportunités et menaces en plus d’identifier votre positionnement actuel et l’image de marque.
  • Définissez des objectifs SMART tels qu’augmenter votre chiffre d’affaires de 20 % en un an ou gagner 50 nouveaux clients en six mois.
  • Identifiez vos cibles en segmentant votre marché et en créant des profils de clients idéaux ou personas.
  • Élaborez des messages clairs et adaptés à chaque segment de cible et canal de communication, en mettant en avant votre proposition unique.
  • Choisissez des canaux de communication adaptés à vos audiences, qu’ils soient numériques ou traditionnels.
  • Planifiez vos ressources et budget avec précision pour atteindre vos objectifs sans dépassement.
  • Mettez en œuvre et suivez un plan d’action défini, évaluez régulièrement vos performances et ajustez votre stratégie si nécessaire.

Se doter d’un site web et utiliser les réseaux sociaux

L’importance d’un site web professionnel et d’une présence active sur les réseaux sociaux ne peut être sous-estimée dans le contexte actuel.

Ils constituent des vecteurs essentiels pour exposer votre expertise, capter l’attention de prospects, fidéliser vos clients et bâtir une communauté engagée.

  • Construisez un site web professionnel en choisissant un nom de domaine pertinent et une plateforme intuitive comme WordPress (ou éventuellement Wix).
  • Optez pour un design responsive et adapté à une affichage sur mobile.
  • Assurez-vous que votre contenu soit optimisé pour le SEO pour profiter du référencement sur Google.
  • Investissez dans les réseaux sociaux en sélectionnant ceux qui correspondent le mieux à votre offre et à votre audience.
  • Créez du contenu engageant, interagissez régulièrement avec votre communauté et utilisez ces plateformes pour renforcer votre image de marque.

Créer un réseau de clients et de partenaires

Un réseau solide est un facteur clé de votre succès, favorisant la reconnaissance, les recommandations, l’acquisition de nouveaux clients et le développement de partenariats stratégiques.

  • Mobilisez votre réseau existant en informant vos connaissances de vos offres et en les invitant à partager votre activité.
  • Élargissez votre réseau en participant à des événements pertinents et en rejoignant des associations ou des clubs professionnels, ainsi qu’en utilisant les réseaux sociaux pour vous connecter avec des prospects qualifiés.
  • Entretenez vos relations en restant actif et à l’écoute, en offrant des avantages exclusifs et en montrant de l’appréciation pour leur soutien et leur fidélité.

Conclusion

Il est clair que lancer une entreprise de consultant ou de conseil représente un véritable défi. Cela nécessite une préparation minutieuse, comprenant l’élaboration d’un plan d’affaires solide, le choix d’une structure juridique adaptée, la réalisation des formalités administratives nécessaires ainsi que le développement d’une présence et d’une image de marque impactante.

Cependant, cette aventure offre également l’incroyable avantage de pouvoir mettre votre savoir-faire au service de vos clients, d’embrasser pleinement le rôle d’entrepreneur et de piloter vos projets selon vos aspirations.